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[Offre d’emploi] Chargé-e de mission en éducation au développement durable et transition écologique Manosque (04) pour le CPIE Alpes de Provence

Le Centre Permanent d’initiatives pour l’Environnement (CPIE) Alpes de Provence recrute un-e chargé-e de mission en éducation au développement durable et transition écologique à Manosque pour un CDI (possibilité de CDD).


Pour plus de détails, veuillez trouver en PDF l’offre d’emploi ci-dessous :

Offre Emploi Chargé animation-Educateur Environnement-CPIE04-juillet 2022

Prendre la science dans tous les sens, le rôle de la médiation scientifique !

La médiation scientifique, qu’es aquo ? Découvrons ce qui se cache derrière ce terme à la définition trouble et aux perspectives immenses !

Nous sommes étudiants en Master Information et Médiation Scientifique et Technique - Parcours Information Scientifique et Médiation en Environnement à Aix-Marseille Université (Faculté Saint-Charles). Aujourd’hui, nous vous écrivons pour vous parler de médiation, et plus précisément de médiation scientifique ! Qu’est-ce que la médiation scientifique ? Qui sont les médiateurs scientifiques ? En quoi consiste ce métier ? Nous avons mené l’enquête pour vous : 5 médiateurs scientifiques nous racontent leur métier !

Scientifique

En postulant à cette formation, nous nous sommes tous demandé ce qu’était la médiation. Ce terme est utilisé dans les domaines de la culture, des sciences, de l’armée, de la psychologie et même de l’astrologie ! Un peu “fourre-tout” non ? Selon nos dictionnaires, c’est une entremise qui a pour objectif d’amener à un accord ou, tout du moins,  de faciliter le passage d’une information d’un groupe à un autre (https://www.larousse.fr/). Ce mot prend différentes colorations selon le contexte, alors affinons un peu nos recherches : parlons de médiation scientifique.

Médiation ou vulgarisation scientifique ?

La nuance est subtile, mais bien là. La vulgarisation scientifique est un ensemble de pratiques permettant à un “sachant”, un scientifique spécialiste d’une thématique, de transmettre une partie de ses connaissances à des “non-sachants”, le grand public. Cette définition rappelle le très connu modèle de communication linéaire de Shannon et Weaver : l’information est émise par un “émetteur” (le sachant) avec un certain “codage” (vocabulaire et langage scientifique) et arrive à un “récepteur” (le grand public) après “décodage” du langage.

La médiation se veut un peu plus globalisante. Bien que pouvant user de la vulgarisation scientifique comme d’un outil, le médiateur scientifique a pour but de remettre la science au cœur des débats sociétaux. Une fois réintroduite en société, la science peut se développer, être de plus en plus comprise et se transmettre beaucoup plus facilement. Ce schéma-là se rapproche des théories de la communication en réseau de Bateson : chacun de nous est à la fois récepteur et transmetteur, et est ainsi acteur de la culture scientifique.

Un objectif commun...

Si nous avons pu retenir quelque chose de ces 5 interviews, c’est la volonté de partage et de diffusion du savoir scientifique ! Quel que soit l’intitulé du poste, c’est l'élément qui nous est systématiquement revenu. Un médiateur scientifique est curieux de nature, et exerce son esprit critique tous les jours pour pouvoir faire preuve d’impartialité quant aux informations qu’il transmet. C’est une véritable responsabilité que de transmettre des informations justes et vraies sans jamais en déformer le sens. Les lecteurs, auditeurs ou visiteurs doivent pouvoir obtenir, via le médiateur, des outils lui permettant de s’insérer et de prendre part à des débats scientifiques.

« Mon métier consiste à partager des connaissances en les mettant à la disposition du public non spécialiste.»
Pedro Lima
« Le Muséum a une mission de délectation où il faut mettre à disposition les collections pour le plaisir et le divertissement du public. Donc ce n’est pas juste éducatif, ce n’est pas non plus juste divertissant : c’est les deux.»
Justine Gres-Manfield

Un exemple très récent est la pandémie de la COVID-19. Outre les décisions politiques et les controverses observées, la population n’avait pas de quoi appréhender les informations scientifiques qui lui étaient transmises. Dans l’idéal, des médiateurs auraient pu être plus sollicités bien avant la crise, pour donner des outils de réflexion à la population, qui aurait alors eu les moyens d’appréhender avec sérénité les informations scientifiques qui arrivaient. La médiation scientifique, finalement , c’est un peu un vaccin contre l’incompréhension des sciences, qui mène souvent au doute, à la panique et la peur. 🤔

« J’ai voulu créer un lieu à la jonction de divers mondes. Il se devait d’être un lieu de rencontres entre le milieu de l’éducation institutionnelle et non institutionnelle, et des entreprises. Mon but était aussi de réunir tous les tenants et les aboutissants autour d’une thématique d’importance : de la recherche scientifique à la diffusion grand public.»
Bernard Mossé
... mais différentes manières d’y arriver !

Maintenant que nous comprenons mieux ce qu’est la médiation scientifique, il est intéressant de voir les différentes formes de profession que celle-ci peut prendre. En effet, dans notre Master, après avoir mieux saisi ce pour quoi nous nous formons grâce à nos différents enseignements, vient la fameuse question : mais dans quelles structures pourrons-nous travailler avec ce diplôme, avec notre formation pluridisciplinaire ? Dans quelles directions pouvons-nous et voulons-nous appliquer ce métier, qui regorge d’une multitude de possibilités de carrière ? C’est dans cette perspective que nous avons contacté les différents médiateurs présentés plus haut. Quelles sont leurs missions au quotidien ? Leurs journées-type ? Quelles sont les contraintes de leur métier et comment y font-ils face ? A quel type de public s’adressent-ils ? Et enfin, quel est le type de structure pour laquellle ils travaillent ?

Justine travaille au Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille, sa profession de médiatrice s’inscrit plutôt dans le domaine de la gestion de patrimoine au service d’une collectivité telle que la ville de Marseille. La gestion du Museum est soumise à la loi Musées de France de 2002 qui en fixe les objectifs, à savoir : « la conservation des collections, la mise à disposition de ces collections pour les chercheurs, […] l’éducation et l’accessibilité des collections au public ». De plus, le musée a une mission dite « de délectation » qui, comme citée plus haut, consiste à rendre plaisant et divertissant la découverte des expositions par le public. Ce dernier est majoritairement familial, le musée accueille grands-parents, parents et enfants pour une visite des expositions et des collections, d’ailleurs, une des missions de Justine s’oriente autour du renouvellement des expositions et des supports de médiation car son objectif premier est d’attirer tous les publics et notamment les adolescents qui sont des visiteurs plus occasionnels : « le musée doit s’adresser à tous, c’est pour ça qu’on développe des choses comme des escape game pour attirer ce public-là ».

L’essentiel de son activité est particulièrement lié à son statut de directrice adjointe du Museum. D’une part, cela recouvre une participation aux réunions et aux prises de décisions concernant l’avenir du musée : quels sont les futurs projets ? Pour répondre à quels nouveaux objectifs, quelles ambitions ? Mais aussi un travail de collaboration avec la Ville de Marseille, qui alloue un budget annuel pour la gestion du musée, ou avec des associations extérieures, d’autres musées etc…, ainsi qu’une recherche de financement notamment des demandes de subventions pour le développement de projet de plus grande envergure.

« Donc on fait un peu toute la pyramide des rôles, quand on est une petite équipe, il faut être polyvalent »

D’autre part, son statut lui confère une mission de représentation du musée, elle doit être présente auprès des autres représentants du Museum, lors des gros évènements, au musée comme à l’extérieur, ou encore lors des passages d’accords ou de partenariats avec d’autres institutions ou structures ; elle doit gérer les relations publiques.

De plus, c’est elle qui coordonne et oriente les actions de médiation au sein du musée. Elle qualifie cela de « mission de contrôle », car bien qu’elle souhaiterait organiser elle-même des actions, elle est contrainte d’accorder beaucoup de temps à la gestion des projets des autres médiateurs. Dans le même sens, elle doit s’occuper de la programmation culturelle, c’est-à-dire de prévoir les prochaines orientations de médiation, ainsi que les expositions temporaires : « Comme on a une toute petite équipe, plus on est petit plus on est amené à être polyvalents […] j’ai beau être responsable, on fait un peu tout depuis la décision à la conception, jusqu’aux visites techniques avec des artistes quand il y en a qui viennent, jusqu’à portier ou caissière quand il faut. Donc on fait un peu toute la pyramide des rôles, quand on est une petite équipe il faut être polyvalent ».

Justine Gres-Manfield

Directrice adjointe et responsable du département des publics et de la programmation du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille.

Dans un tout autre domaine, nous avons interrogé Pedro Lima, journaliste pigiste, il est indépendant et rémunéré à l’article. Il travaille ainsi pour plusieurs médias, essentiellement de presse écrite. Son travail, que l’on peut aussi qualifier de médiation, consiste à chercher puis proposer aux équipes de rédaction de médias scientifiques tels que Le Monde, Sciences et Vie etc… des sujets scientifiques à vulgariser : il faut « chercher des sujets, convaincre des titres et revues que les sujets qu’on propose de traiter sont intéressants/pertinents ; pour cela il faut faire une enquête préalable, se documenter et monter un dossier : chercher le contenu d’un sujet et savoir le présenter correctement ».

Dans un second temps, si son sujet est accepté pour publication, il passe alors au travail d’écriture : « Si il y a une commande, [il faut] traiter le sujet, aller plus loin dans l’enquête, dans l’assimilation d’informations, de sources multiples. Puis écrire les articles, conseiller le service photo/infographie pour les illustrations, vérifier l’article en format PDF qu’il n’y a pas d’erreurs…». Le journaliste doit respecter quelques règles, à savoir : adapter son article au format de rédaction ainsi qu’au type de public ciblé et plus largement, s’aligner sur la ligne éditoriale du média pour lequel il prépare un article. Le métier nécessite une bonne communication avec l’équipe de rédaction qui passe commande mais aussi, et surtout, avec les scientifiques et experts qui sont une précieuse source d’information, l’idéal c’est de « ne pas être sur la réserve, avoir un goût pour aller vers les autres et communiquer avec eux, ne pas avoir peur de solliciter tout le monde »

Pedro Lima

Journaliste scientifique pigiste

« Ne pas être sur la réserve, avoir un goût pour aller vers les autres et communiquer avec eux, ne pas avoir peur de solliciter tout le monde. »

En effet, l’écriture d’un article scientifique exige de mener une enquête préalable rigoureuse que ce soit pour le recueil des informations comme pour le choix des multiples sources. Le journaliste a donc besoin d’être persévérant, ne pas avoir peur d’insister auprès des interviewés, de sorte à recueillir une information de qualité. La fiabilité du contenu publié représente une grande responsabilité, au risque pour le journaliste d’être discrédité et de discréditer les personnes qu’il a interrogées ; son métier dépend beaucoup de sa réputation et de ses relations professionnelles. La carrière du journaliste scientifique nécessite un bon sens des responsabilités et un peu de panache. Mais c’est aussi un métier passionnant pour les assoiffés de connaissances et emplie de rencontres captivantes ! Un enrichissement tout à la fois intellectuel et humain.

« On a réussi à faire quelque chose de pluridisciplinaire et accessible pour les 6 ans à 80 ans ! »

Victoria Bruglia

Chargée de communication et de médiation - CNRS

Nous avons rencontré Victoria Bruglia, elle est chargée de communication et de médiation scientifique au CNRS, une institution publique dédiée à la recherche scientifique. En effet, la médiation scientifique peut aussi s’exercer au plus près des chercheurs.  Victoria travaille à la délégation régionale Côte d’Azur du CNRS, à Sophia Antipolis. Elle est co-responsable, en plus de la communication interne du centre de recherche, de l’organisation et la programmation événementielle mais aussi de la création de contenus scientifiques à destination du grand public. Elle a par exemple œuvré à la création d’un Escape Game à l’occasion des 80 ans du CNRS en 2019 qui a pu être mis en place lors des différents évènements de culture scientifique annuels (Semaine du Cerveau, Fête de la Science). Ce type de projet nécessite un vrai travail d’équipe, et pour Victoria cela n’en est que plus épanouissant : « sans vraiment un énorme budget, on a réussi à faire quelque chose de magnifique parce qu’en travaillant en collaboration avec les doctorants, les ingénieurs, etc… on a réussi à faire quelque chose de pluridisciplinaire et accessible pour les 6 ans à 80 ans ! ». Son métier demande de l’imagination, de la créativité, et également une envie de communiquer avec les autres (bien que les rapports entre médiateurs et scientifiques soient ici assez différents de ceux du journaliste : les experts scientifiques ne sont plus uniquement des interrogés, ils sont acteurs du projet). Être médiatrice en établissement de recherche demande également de consacrer beaucoup de temps à la rédaction de contenu, que ce soit pour le journal interne du laboratoire (lettre interne du CNRS hebdomadaire), les communiqués de presse (pour transmettre les dernières publications scientifiques aux journalistes), la mise à jour des sites internet et intranet (ce qui est en interne : informations des ressources humaines, des partenariats,…), ainsi que la gestion des réseaux sociaux (elle est aussi Community manager). Une relation de proximité avec les différents laboratoires est donc primordiale, tout comme la capacité d’adaptation et la maîtrise des divers supports de médiation, qu’ils soient numériques, papiers ou interactifs. La conception de supports comme des affiches, des flyers, etc… est aussi de mise, tout autant que les supports audiovisuels. La maîtrise des logiciels de traitement de l’image, design et montage constitue donc une compétence essentielle dans l’exercice de son activité mais Victoria nous explique qu’elle a acquis ses connaissances directement sur le terrain, notamment dans le cadre de son alternance. Son métier ne connaît donc pas réellement de “journée-type”, il est plutôt pluridisciplinaire et enrichissant, selon ses paroles. Elle précise d’ailleurs que, souvent, elle ne compte pas ses heures de travail tant elle est immergée dans des projets qui la stimulent. Là où les contraintes apparaissent, c’est qu’il faut faire attention lors des discussions avec les chercheurs à la notion d’embargo : il est récurrent que parmi les sujets de recherche en cours, certaines publications soient dites « sous embargo », c’est-à-dire dont le sujet est sensible et pour lequel les scientifiques n’ont pas encore assez d’avancement pour en parler sans risquer de divulguer de fausses informations. Il est donc interdit de communiquer à leur propos, et il faut faire preuve de vigilance lors des échanges. Il en va de même pour la gestion du droit à l’image qu’il est primordial de respecter sous tout format de médiation !

Bastien Vergoni œuvre pour l’Association PlayAzur, dont le siège est à Nice (06). Après avoir obtenu un doctorat en physiopathologie et passionné par les sciences et les nouvelles technologies, il décide en 2017 de fondée cette association dont il est aujourd’hui le président. Play Azur, c’est aussi le festival de culture pop organisé chaque année à Nice, par Bastien et son équipe de 11 bénévoles. Cet événement a pour but de « mettre en avant la culture web (Youtubeurs, blogueurs) dans un univers mêlant nouvelles technologies, sciences, jeux vidéos et dernièrement culture-pop. » auprès du grand public.

« Comment mettre en avant la recherche scientifique sur internet ? »

Forte de son succès, l’association a agrandi ses perspectives, aujourd’hui, elle assure trois grands pôles d’activités à savoir  :

La conception et la réalisation du Play Azur Festival, le deuxième plus grand festival de pop-culture en France, qui ne cesse de grandir et d’attirer de plus en plus de visiteurs.

L’organisation de rencontres entre chercheurs et créateurs de contenus de vulgarisation scientifique sur Youtube : les rencontres EchoScientifiques, ainsi que la production et la réalisation de vidéos de vulgarisation scientifique : les vidéos EchoScientifiques, en partenariat avec le réseau EchoSciences PACA. Ce projet est d’ailleurs une idée originale de Play Azur, son objectif : « Comment mettre en avant la recherche scientifique sur internet ? ». L’idée a alors émergée d’associer le savoir des chercheurs à l’expérience de médiation des vidéastes que l’on retrouve principalement sur Youtube.

Enfin, la réalisation d’événements culturels à la demande de structures publiques ou privées (collectivités locales, entreprises…).

Le champ d’intervention de l’association est plutôt étendu, si le festival vise un public local, à l’échelle de la Région Sud, les vidéos, elles, s’adressent à un public plus large, d’ailleurs la suite du projet serait de pouvoir les diffuser à l’international. Les outils de médiation sont variés et les domaines de vulgarisation sont pluridisciplinaires ! Ici, la présence sur les réseaux sociaux est primordiale pour faire tourner l’association. Toutefois la création et la gestion événementielle reste le plus gros de l’activité, travail d’équipe, confiance réciproque et organisation sont alors de mise pour mener à bien les projets. 

Bastien Vergoni

Fondateur et président de l'Association PlayAzur

Bernard Mossé

Fondateur de la structure de médiation du Camp des Milles et de l'association Neede

Enfin, Bernard Mossé nous a accordé un temps d’échange. Il est le fondateur de la structure de médiation de la fondation du Camp des Milles . En tant que responsable des contenus scientifiques et pédagogiques, il explique que « le camp des milles a été pensé pour transmettre mais avec un supplément d’âme, c’est un lieu avant tout de transmission ». Ses missions consistent à encadrer les formations et les formateurs des médiateurs, gérer l’équipe de médiation, mais aussi réaliser les supports pédagogiques, penser la muséographie du lieu. Tout cela se passe essentiellement sur le site, à Aix-en-Provence. En effet, les choix de médiation on été faits pour à la fois  transmettre et sensibiliser le public à l’histoire de cet endroit, il est « un lieu de rencontre, […] un lieu symbolique incarnant [les] changements [environnementaux et de la société]. » A travers ce lieu historique, Bernard Mossé cherche à éveiller les consciences « sur les crises qui déstabilisent les sociétés, qui mènent à des aveuglements et des catastrophes écologiques. » Le type de médiation est très ciblé, il fait le lien entre l’évolution de la société avec les changements environnementaux. Médiation historique et scientifique sont ainsi étroitement mêlés…

« Le Camp des Milles a été pensé pour transmettre mais avec un supplément d’âme, c’est un lieu avant tout de transmission. »

D’autre part, Bernard Mossé est de plus en plus sollicité pour réaliser des formations sur la radicalisation ou bien pour des actions de sensibilisation autour de différentes thématiques telles que le racisme, les crimes de masse, les génocides, la discrimination, la laïcité… Cependant, il nous confie, lui-même, ne pas être certain de pouvoir répondre à cette demande, d’une part au vue de la trop faible avancée des recherches encore en cours sur ces sujets mais aussi car le parti est pris par l’équipe de médiation du camp des milles de ne pas aborder les sujets d’actualités, l’objectif du lieu n’étant pas d’animer des débats mais d’éveiller les consciences en racontant l’Histoire. Cela soulève une réflexion autour de la question du positionnement du médiateur face à son public. Il est essentiel, pour le médiateur, de savoir se situer et situer son discours par rapport aux recherches scientifiques en cours mais aussi à ses propres connaissances sur une question d’actualité. Où sont nos limites en tant que médiateur ?

Ces différentes rencontres nous ont tout à la fois permis de dessiner un réseau des acteurs de la médiation scientifique dans notre région et, en tant que futurs médiateurs, de mieux concrétiser nos envies, nos projets et nos perspectives d’orientation professionnelle. La médiation scientifique est un domaine professionnel large dont les applications sont nombreuses et diversifiées. Médiateur au sein d'un centre de recherche, dans un musée, au service d'une association ou encore en freelance, il y en a pour toutes les envies et toutes les personnalités. Et elle est sans frontières ! Ainsi, le champ des possibles s'offre à nous et il n'est pas toujours évident de trouver sa voie. Tous les professionnels que nous avons interrogés s'accordent : ce qui compte avant tout, c'est la pratique afin de savoir ce qui nous plaît : avec quel type de public nous aimons interagir ? Sous quel format (animation, création de supports, rédaction, réalisation audiovisuelle, exposition…) ? Dans quel domaine scientifique (et/ou culturel). Bref, il faut essayer ! Et pour les compétences, elles peuvent s'acquérir avec le temps, sur le terrain.

Le médiateur scientifique plus spécialisé dans l’environnement peut aussi s’employer à faire de la gestion de conflits. Nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de discuter avec un professionnel du domaine, et pourtant il s’agit d’une profession importante et très demandée sur nos territoires ! On parle d’ailleurs parfois de médiation environnementale, bien que ce terme n’englobe pas uniquement la gestion de conflit. Dans ce cadre, le médiateur en environnement se positionne comme un intermédiaire entre les différents acteurs d’un même territoire impliqués autour d’une question commune qui fait débat. Il doit alors accompagner les différents partis à trouver un équilibre et à aboutir, autant que faire se peut, à des solutions qui conviennent à chacun, autrement dit à trouver un accord. Il peut s’agir également de permettre à une population (locale ou régionale le plus souvent) de faire entendre son avis sur de futurs projets environnementaux ou décisions territoriales qui les concernent. En l’occurrence, les conflits environnementaux abordent généralement la gestion de l’eau, des ressources naturelles, des réserves naturelles, l’aménagement de l’espace, des forêts, des équipements énergétiques, des réseaux urbains (routes, chemins de fer), la gestion des déchets ou encore la pollution. Ces conflits apparaissent lors d’une décision de création ou de modification d’un équipement (réseau ferroviaire, par exemple le projet de réseau à grande vitesse entre la France et l’Italie), d’une infrastructure (barrage, construction urbaine) ou d’une politique de protection de l’environnement. Un médiateur en gestion de conflit doit donc avoir des compétences bien spécialisées en communication, dans le but de faciliter le dialogue entre plusieurs acteurs et/ou catégories d’usagers qui n’ont pas les mêmes points de vue, et souvent ni les mêmes besoins. Un métier qui est donc très complexe, mais essentiel de nos jours !

Vous pourrez trouver plus d’informations via les documents suivants : 

Fiche métier du Médiateur en Environnement.

Le conflit environnemental.

Les médiations environnementales.

Enquête menée par la promo 2020-2022 | Rédaction : Floriane, Mylène et Manon P. | Mise en page : Manon P.

2021 – Des terres minées : l’environnement au cœur du conflit

Rediffusion du live Youtube

Synthèse de la journée par Fanny

Le 9 décembre 2021, les étudiants du master Information Scientifique et Médiation en Environnement sont heureux de présenter leur colloque scientifique Des Terres Minées : L’Environnement au cœur du conflit. Quatre intervenants nous font le plaisir de se joindre au sujet à travers leurs disciplines respectives : Jacques Daligaux, enseignant-chercheur en géographie à l’université d’Aix Marseille ; Cécilia Claeys sociologue en environnement ; Gaëlle Le Bloa médiatrice scientifique en environnement spécialisée dans la gestion de conflit ; et Thierry Tatoni, enseignant-chercheur en écologie à l’université d’Aix-Marseille. Cet événement a lieu grâce aux responsables du master Rémi Chappaz et Georges Olivari, et au grand soutien de Mariane Domeizel, vice-présidente du développement durable à l’université d’Aix-Marseille.

9h45 : Ouverture du colloque

10h00 : 1ʳᵉ conférence : Les études d’impact des projets – Jacques Daligaux

Jacques Daligaux ouvre le cycle de conférences avec la présentation des études d’impact qui s’inscrivent directement dans le cycle de protection de l’environnement. Mais dans un contexte politique actuel qui connaît une volonté de facilitation d’obtention des autorisations et un affaiblissement de la démocratie participative, on note le développement de tendances qu’il qualifie d’« insidieuses ». Ainsi, il relève une contraction du champ de l’enquête publique, des arbitrages préfectoraux sous pression et un affaiblissement des moyens de contrôle administratifs et judiciaires. Il précise avec importance que l’étude d’impact n’est pas un acte administratif, c’est un document scientifique. Son utilité est double : informer le public et éclairer la personne qui va donner les mesures administratives (le préfet). Durant son discours, Jacques Daligaux nous définit quelques notions clés pour comprendre tout l’enjeu des études d’impact. Parmi elles, l’équivalence écologique, qui se caractérise par une compensation entre les altérations écologiques (au niveau des espèces, des habitats et des fonctionnalités) et la restauration de ces dernières, ce qui implique une grande difficulté technique. L’étude d’impact doit être proportionnelle aux enjeux du terrains, comprendre les effets directs et indirects, au long et au moyen terme, à différentes échelles spatiales. La grande limite de la compensation se place au niveau des impacts sur la santé humaine. Il ne peut effectivement pas y avoir de compensation estimée suffisante à la dégradation de la santé humaine.

Les questions du public

  1. Les études d’impact ne sont-elles pas des outils hypocrites pour donner une impression de prise en compte de l’environnement ?
    Durant cette présentation, l’accent a été mis sur les pratiques jugées « insincères ». Et on n’arrive pas à lutter contre ces pratiques. Quant aux études d’impact, on ne peut pas dire qu’elles sont hypocrites ou inutiles mais on doit dire qu’elles sont imparfaites.
  2. Est-ce qu’une étude d’impact peut être mise à jour lorsqu’on découvre une nouvelle espèce menacée ?
    L’étude d’impact ne doit pas s’appuyer sur des données obsolètes. Il faut, grâce à des enquêtes de terrain, mettre à jour les données. Donc le caractère d’obsolescence est souligné, il y a une actualisation des données.
  3. Si les associations sont parfois bridées, nous, en tant que citoyen, à part donner son avis lors de l’enquête publique que peut-on faire ?
    Cela dépend du statut de l’association. Il y a deux mondes dans le milieu associatif : les petites associations et les associations agréées de protection de l’environnement (agrément préfectoral). Ces dernières bénéficient automatiquement d’une reconnaissance directe de l’intérêt à agir, et dès lors qu’elles restent dans leur champ de compétences et qu’elles font recours contre une autorisation administrative, il y a des chances raisonnables pour que ce soit suivi d’effets. Aujourd’hui ce qui m’inquiète le plus dans le monde global de la gouvernance y compris dans les sphères de la juridiction administrative c’est que le pouvoir contentieux soit affaibli et qu’il disparaisse. Il existe des attaques visant à réduire le champ d’action des associations, comme il existe des attaques pour réduire le champ d’action de l’enquête publique, ou d’autres champs de la gouvernance. C’est un combat. Malheureusement, les choses n’avancent et ne tiennent qu’à partir du moment où il y a un risque de sanction ; quelles que soient les conditions, s’il n’y avait pas le risque d’être sanctionné, l’environnement ne serait jamais respecté. Tout le système repose sur le système de sanction, s’il est affaibli, c’est la fin de tout.
  4. L’autorité environnementale est-elle la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) ou le DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) ? Cela varie-t-il en fonction des projets ?
    Ce sont deux choses différentes. La DDTM est un service de l’État au niveau du département, elle accompagne les porteurs de projets pour leur prodiguer des conseils sur le plan environnemental. La DREAL représente les services de l’État mais au niveau de la région. L’autorité environnementale c’est autre chose. Elle a été imposée à la France par l’Europe, et la France a longtemps résisté aux injonctions européennes. Elle a fini par mettre en place des autorités environnementales qui sont une forme d’autorité indépendante qui juge de la qualité des études d’impacts (mais pas que). Elle émet avec les moyens qu’elle dispose des avis sur les études d’impact. Il y a une autorité environnementale à Paris qui traite les grands projets et il y la mission régionale d’autorité environnementale qui travaille au niveau de la région sur des projets plus petits. C’est un avis précieux car il est indépendant de toute forme de pression politique.
  5. Qu’est ce qui est soumis à étude d’impact et qu’est ce qui ne l’est pas ?
    C’est très compliqué car ce sont les nomenclatures du code de l’environnement qui dictent les qualités soumises ou non.
    Il y en a qui sont systématiquement soumis du fait de leur nature ou de leur impact potentiel sur l’environnement (autoroute, usine etc).
    Ensuite, si le projet est de moindre ampleur, il y a le cas par cas. Le porteur de projet doit interroger l’autorité environnementale qui va juger la nature du projet, pour savoir s’il faut la soumettre à une étude d’impact.
    Les projets encore plus petits sont porteurs de notice d’étude d’impact. Et enfin, il y a aussi des projets qui ne sont pas soumis à des études d’impact.
    On peut soumettre des projets à étude d’impact et le porteur de projet peut faire un recours pour ne pas en bénéficier. S’il gagne grâce aux arguments qu’il aura choisi d’avancer, il peut être dispensé d’étude d’impact. Il y a tout un tas de cas de figures.
    Ce qui est inquiétant, c’est qu’on a de plus en plus de projets qui descendent dans les seuils, notamment les projets liés à la loi sur l’eau. De la même façon qu’on a des projets qui sortent du champ d’étude d’impact, et donc du champ d’enquête publique.
    Tout cela s’inscrit dans un long combat entre les lobbies, les pressions ministérielles, etc. Mais aujourd’hui, la grande majorité des voix s’élèvent pour dénoncer plutôt des phénomènes de contractions que des phénomènes d’élargissement.

11h15 : 2ᵉ conférence : Du conflit à la concertation environnementale, et inversement – Cécilia Claeys

Cécilia Claeys est notre deuxième invitée. Elle apporte le regard de la sociologie sur la question du conflit environnemental avec comme grande question : La démocratie participative est-elle une solution pour résoudre les conflits environnementaux ?
Elle définit les termes clés de son sujet qui sont l’appel à concertation (réunion d’information), la consultation (écoute suivie de décision) et la concertation (co-construction de la décision) pour aborder les « effets pervers » de la démocratie participative environnementale. La France, du fait d’une culture de la démocratie participative récente, semble se contenter de concertations dites « pompiers » qui ne sont mises en place qu’au moment du conflit. Lorsque la concertation n’est pas réalisée en amont, elle n’a pas la forme d’une co-construction, mais la forme d’une persuasion ou d’une imposition. Dans ce contexte, la concertation devient une source de frustration pour les participants. La discrimination, difficilement évitable dans les concertations, est également pointée du doigt. Enfin, l’émergence de « l’happycratie » (ou la « démocratie du post-it ») tendrait à invisibiliser l’objectif des concertations.
Ainsi, il est nécessaire que la concertation soit préventive et animée par des personnalités neutres.
Nous retiendrons également que les conflits ne doivent pas forcément être évités. Les conflits peuvent aussi être bénéfiques en portant des enjeux ou des désaccords féconds. En effet, les conflits permettent d’assumer des inégalités qu’il ne faut pas cacher. Les inégalités environnementales sont essentielles à la compréhension du conflit, il faut se donner les moyens de les corriger.

Les questions du public 

  1. Comment, en tant que sociologue de l’environnement, peut-on déterminer le contexte de construction d’un conflit d’environnement ?
    Au niveau méthodologique, il faut s’appuyer sur la documentation déjà existante et réaliser des entretiens auprès des protagonistes pour identifier comment sont nées les tensions. Et au niveau de l’objet d’étude, on ne peut pas parler d’unique trajectoire de l’émergence des conflits. Ce que l’on observe sur le territoire, c’est le rôle important des associations locales.
    Un autre élément anecdotique important est que le militant associatif qui fait le plus peur à la puissance publique est l’ancien fonctionnaire d’état à la retraite. Il devient libéré de ses obligations mais possède toutes les clés pour être un opposant extrêmement efficace.
  2.  Est-ce une bonne idée de laisser les gens s’exprimer anonymement ?
    Dans un premier temps oui. Si ça peut permettre à des gens retenus par leur position professionnelle de s’exprimer, c’est positif. Mais s’il en va de la protection de l’individu, ça n’est pas une bonne chose puisque cela traduit une forme d’oppression. C’est à contextualiser.
  3. Comment pourriez-vous expliquer que le distanciel favorise l’expression ?
    Le distanciel a permis à certaines personnes de s’exprimer. Mais il ne permet pas plus d’expression générale. La question de la fracture numérique se pose, les gens concernés seront exclus. Ce qui permet la prise de parole en public est un contexte de confiance, le respect des règles de parole et toutes les techniques de respect en général peuvent faciliter la prise de parole.

12h00 – 13h30 : Clôture de la première partie – Pause déjeuner

13h40 : 3ᵉ conférence : La médiation en gestion de conflit en environnement – Gaëlle Le Bloa

Gaëlle Le Bloa présente la médiation comme moyen de résolution des conflits environnementaux. Elle met en avant l’utilisation d’un outil pertinent pour le dialogue : la communication non violente et appuie sur l’importance de la place de l’individu dans le dialogue qui elle doit être centrale.
La communication non violente se base sur le principe d’une communication traditionnelle avec une invitation à déployer son être (à travers 4 piliers : observation, sentiment, besoin et demande).
On retient la nécessité pour le médiateur de créer un cadre bienséant, comprenant sécurité, respect et écoute pour le déploiement du dialogue. C’est au médiateur d’organiser le déroulé de la réunion, et de favoriser la création du groupe. L’interconnaissance est essentielle, elle se crée autour d’espace favorisant le partage de regards et garantissant l’expression de tous. Des outils brise-glaces ou faisant appel au sensitif et ludique (ex : le photolangage) existent pour favoriser la participation collective. L’intelligence collective réside dans une intervention de chacun placé au même niveau et placé sous un respect des idées.

13h50 : 4ᵉ conférence : Comment aborder la complexité de la transition écologique ? – Thierry Tatoni

Thierry Tatoni nous explique comment affronter la complexité de la transition écologique en cours, qui peut être perçue comme un idéal.
Pour cela, son équipe de travail met en place une structure spécifiquement dédiée à l’étude de la transition écologique rassemblant des disciplines allant de la philosophie jusqu’à la physique des matériaux.
Il souligne l’importance de la production de connaissances. Néanmoins, la connaissance est loin d’être le seul levier à actionner pour enclencher la transition écologique. Premièrement, ce levier n’est pas bon s’il reste disciplinaire. Il faut aussi envisager une transdisciplinarité entre les sciences biophysiques et les sciences humaines et sociales. Deuxièmement, il faut s’inscrire dans une logique de partage des connaissances. L’objectif est aussi d’avoir une vision la plus globale possible : la vision intégrative a du potentiel pour fournir des éléments importants. Il est intéressant d’envisager une science moins égocentrée, plus ouverte d’esprit.

14h05 : TABLE RONDE : Les grandes idées de la table ronde, avec Jacques Daligaux, Cécilia Claeys, Gaëlle Le Bloa et Thierry Tatoni.

L’éducation à l’environnement. Si on ne s’attaque pas aux structures de la société on ne peut espérer un changement. L’éducation à l’environnement doit aussi être accompagnée d’une éducation au dialogue.

La médiation scientifique. Il est hautement nécessaire de vulgariser la connaissance, la rendre compréhensible par tous.

La communication non violente. Elle doit toujours intervenir en amont. Elle permet de se mettre d’accord sans que ce ne soit un tiers qui définisse la personne responsable. C’est un dialogue entre deux partis qui s’entendent sur un accord dans un cadre de respect et d’écoute.

La neutralité du médiateur. Le médiateur est là pour aider au rapprochement entre les partis. Il ne doit pas sortir de sa neutralité mais doit faire en sorte que les personnes qui sont autour de la table soit les « bonnes » personnes pour traiter du sujet : pertinentes et complémentaires. Ce sont ces personnes qui vont incarner et défendre la gestion du bien commun.

Les limites de la médiation. Dans des conflits très difficiles, qui engagent la santé des individus ou la destruction définitive de biens, et dans lesquels les points de vue ne sont pas conciliables, il est compliqué d’envisager une résolution malgré l’utilisation de la médiation. Le conflit nous place dans une situation de combat, chacun a des armes quelle que soit leur représentation. La notion de concertation en médiation n’a pas de place attribuée. Elle n’arrive pas à se positionner en tant qu’arme.
Cependant, son utilisation est toujours bénéfique car elle mobilise les ressentis propres à chacun ce qui est toujours une réussite dans un conflit. L’abandon d’un parti peut être considéré comme une réussite même si ce n’est pas une résolution parfaite car on considère que la situation a été débloquée.

L’anticipation de conflit. Il faut directement aller voir ce qui se passe sur le terrain, valable pour toutes les entités. Et lorsqu’on est scientifiques, cela aide à être perçu différemment.

L’intelligence collective. Elle est essentielle, “même si elle peut paraître insupportable pour un chercheur, qui par principe se veut intelligent tout seul”. Nous sommes forcément plus efficaces, plus brillants à plusieurs. Un problème se résout lorsque toutes les parties prenantes sont autour de la table avec comme objectif commun d’apporter une connaissance dans le sens d’une résolution (et dans le respect d’une communication non violente).

La concertation. Plus elle arrive en amont, plus elle a des chances de réussir. La concertation « pompier » est vouée à l’échec. Il faut veiller à ne pas tomber dans ses effets pervers, c’est-à-dire à aboutir dans l’oubli des objectifs.

Le savoir de l’expert. L’expert est un scientifique qui est amené à mobiliser des connaissances scientifiques. Attention : le scientifique n’est pas le naturaliste, et inversement. Les deux se complètent mais on ne peut se fier strictement à une expertise naturaliste : c’est ce qui pose un problème car cela représente la majorité des cas d’expertise.
Cependant, les seuls savoirs à disposition de l’expert ne suffisent pas à la résolution d’un conflit environnemental. Il faut ouvrir les esprits sur une interdisciplinarité et un partage des connaissances.
D’autres problèmes se posent : l’expertise est méticuleusement tenue à l’écart des prises décisionnelles. Encore énormément de progrès sont demandés afin d’intégrer l’avis des experts.
Enfin, les experts sont bien souvent sollicités pour répondre à une question mais n’ont pas la liberté de la remettre en question. Le choix devient alors : l’auto-éjection ou bien la caution. On est alors dans une contre résolution de conflit environnemental.

Le rôle du progrès. Il n’est pas seulement technologique. Il faut promouvoir un progrès intellectuel, et aussi un progrès spirituel.

Les ordres de mission. En matière d’expertise judiciaire, le développement est devenu une véritable mission. Il existe maintenant des Ordre de mission : le juge demande une solution de médiation et des experts en médiation doivent alors intervenir.

L’application du droit. Nous sommes dans un état de droit en France, et l’intervention par le peuple demeure fondamentale. Dans beaucoup de dossiers, le droit n’est pas correctement appliqué.

Les lacunes de notre système. On retiendra principalement le manque de responsabilisation juridique et pénale ainsi que le manque d’inventivité des décideurs.

Un paradoxe comme limite. Nous sommes des êtres qui aspirent à des choses contradictoires : nous vivons dans un paradoxe. Nous voulons tous les avantages, sans les inconvénients. Le matérialisme historique est inscrit dans nos territoires, ce sont les choix d’hier qui entraînent des conséquences sur les structurations de nos sociétés d’aujourd’hui. Il y a des contradictions entre les injonctions et les structurations.

Les conflits à venir. L’accès aux ressources, la pollution atmosphérique et l’Energie s’imposent comme les conflits majeurs d’aujourd’hui et de demain. La santé et l’indépendance sont sévèrement mises à mal.

Le mot de la fin
Il faut être désespérément optimiste. L’éducation et l’anticipation sont les deux outils à retenir.

 

16h20 : La conclusion de Manon

“Notre colloque Des Terres Minées : L’environnement au cœur du conflit touche à sa fin.
Il y aurait encore tant à dire à propos des conflits environnementaux. Une chose est sûre, c’est un large sujet à la croisée des sciences, qu’elles soient naturelles, humaines, économiques, juridiques ou politiques et de nos sociétés modernes. Les conflits font aujourd’hui partie intégrante de la gestion de nos territoires et plus généralement de notre environnement et s’intègrent dans un processus décisionnel qui pourrait tendre à être de plus en plus collaboratif et participatif, notamment grâce à de nouvelles pratiques de concertation et de médiation.

Pour conclure cette journée, au nom de toute notre promotion, j’aimerais remercier encore une fois, au risque d’entretenir leur mégalomanie, nos 4 intervenants, Jacques Daligaux, Cécilia Claeys, Gaëlle Le Bloa et Thierry Tatoni pour leur participation et leur investissement tout au long de ce colloque.

Je remercie aussi chaleureusement notre équipe pédagogique, Monsieur Chappaz, Monsieur Olivari, Madame Riberi, Madame Patris et nos partenaires du Développement Durable Madame Domeizel et Madame Blein, pour leur encadrement et leur soutien dans la réalisation de ce colloque.
Et plus largement, merci aux partenaires de notre master, l’INSPE, La Faculté des Sciences d’Aix-Marseille Université, l’Institut Pytheas, l’Association SENS et tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la construction et à la réalisation de cette journée.

Mes remerciements vont aussi à nos successeurs, les étudiants de première année, qui nous ont prêté main forte pour le bon déroulement de cette journée, sans (presque) jamais rechigné. Vous avez fait un super travail, bravo et bonne chance à vous pour l’année prochaine !

Enfin, je félicite l’ensemble des étudiants de notre promotion.
Bravo à l’équipe technique, Lewisia, Sarah, Pierre-André et Ulysse, sans qui ce colloque n’aurait pas pu être diffusé sur Youtube.
Bravo à nos animatrices, nos communicants, nos preneurs de notes, nos modérateurs, nos serveurs, nos chronomètres et tant d’autres fonctions que j’oublie certainement mais qui font aujourd’hui de nous des médiateurs assurément flexibles !

Pour finir, merci au public virtuel qui a suivi notre colloque sur Youtube et qui a su le faire vivre tout au long de la journée.
Un questionnaire de satisfaction est disponible dans le chat Youtube, je vous invite à le compléter car votre retour nous intéresse grandement.
Enfin, le colloque continue en ligne, sur notre site internet, vous pourrez y retrouver la rediffusion du live, les photos, des réponses supplémentaires.”